D’où vient le nom du Plateau-Mont-Royal ?

La Société d’histoire du Plateau-Mont-Royal a plus de 15 années d’existence et – on rougit à l’avouer – nous n’avons pas encore trouver la réponse définitive à l’une des questions les plus élémentaires concernant notre quartier. Quelle est l’origine du toponyme « Plateau-Mont-Royal » ?

Quand est-ce que ce nom est apparu pour la première fois et pour quelle raison ?
L’on sait que le journal Guide Mont-Royal fondé en 1938, nommait déjà dans sa première année d’existence le Plateau-Mont-Royal, lequel avait selon lui une population de 200 000 âmes à l’époque.

L’un des premiers souvenirs d’enfance de Jean-Luc Allard, fils de Louis-Joseph Allard, le fondateur du journal, est une promenade sur la montagne avec son père où ce dernier lui a montré l’étendue de l’avenue du Mont-Royal en disant : « Regarde le Plateau-Mont-Royal ». Pour le petit Jean-Luc c’était la première fois qu’il entendait ce nom.

Mais il est probable que cette notion du « Plateau » remonte plus loin. Elle évoque bien sûr la topographie du secteur. L’on retrouve dans « Le Diocèse de Montréal » à la fin du XIXe siècle, publié en 1900, le passage suivant :
« Le pensionnat Saint-Basile est situé dans le quartier Saint-Denis, sur l’avenue Mont-Royal, entre les rues Berri et Rivard. La position élevée qu’il occupe sur le riche plateau du Mile-End, l’abondance d’air salubre que lui fournissent et la montagne et le fleuve, le magnifique panorama qui se déroule à ses pieds, donnent à ce pensionnat un attrait tout particulier ».
L’auteure et journaliste Hélène-Andrée Bizier nous rappelle qu’au début du 20e siècle, le quartier aux alentours du parc La Fontaine portait le nom de Duvernay et au début des années 1940, dit-elle, on ne parle pas encore du Plateau.
L’écrivain et homme de théâtre Jean-Claude Germain abonde dans le même sens. Dans une entrevue de 2006, non longtemps avant la publication de sa « Rue Fabre centre de l’univers », il disait, en parlant de son enfance dans les années 1940 :

« Le plateau ça n’existait pas. Montréal était divisé en petites paroisses disparates liées uniquement par le tramway 52 … ».
Hélène-Andrée Bizier propose l’explication suivante de l’origine du toponyme, en faisant le lien avec l’école « Le Plateau », située dans le parc La Fontaine et dont l’auditorium accueillit dès 1935 le chef d’orchestre Wilfrid Pelletier et la formation des Concerts symphoniques de Montréal (qui deviendra en 1954 l’Orchestre Symphonique de Montréal).
« Approchant de l’arrêt Sherbrooke/Calixa-Lavallée, les chauffeurs d’autobus annoncent:  » Plateau !« . C’est ainsi, dit-on, que le mot a fini par désigner l’ensemble du quartier situé sur les hauteurs de la rue Sherbrooke. »
Qu’en pensez-vous? Si vous avez des idées ou des faits à raconter adressez-nous votre commentaire.

Recherches Kevin Cohalan
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Commentaire

D’où vient le nom du Plateau-Mont-Royal ? — 8 commentaires

  1. A partir de la rue Ontario en allant vers le nord, il y a une petite côte qui mène à la rue Sherbrooke sur une bonne partie de la ville. Le mot Plateau ne viendrait-il pas de cette géographie qui fait que cette section de la ville est sur un plateau? Puis, cela monte encore et c’est le Mont Royal.
    Ce plateau géographique a peut-être donné l’origine du nom du quartier, du numéro de téléphone et de la centrale de Bell.
    Puis par la suite avec la rue Mont Royal c’est devenu le Plateau-Mont-Royal.
    Voici mon hypothèse!

  2. Les préfixes du système téléphonique sont bien documentés: voir par exemple ma liste de préfixes , ou mieux la carte y mentionnée. On voit que Plateau a été un bureau manuel entre 1921 et 1931, puis une partie d’un central automatique de 1931 à 1958. (Quant à l’année 1925, c’est celle de l’ouverture du premier central automatique dans le complexe du 87 Ontario Ouest, nommé Lancaster.) Ma compilation est faite à la base de publicités dans les journaux d’époque et des annuaires téléphoniques (qui ne sont pas numérisés mais peuvent être consultés à la Collection nationale à la Grande bibliothèque), avec l’assistance d’autres collectionneurs de l’histoire des téléphones.

    Sauf que les noms téléphoniques sont toujours des noms dérivés, ou même arbitraires. Ce n’est pas ça qui nomme un lieu, tout au plus un commerce (il y a eu des taxis Pontiac Hemlock à Verdun à cause des préfixes). Dans le cas du central «Plateau», il reprend simplement le nom du vieux plateau de la future Place des Arts, celui qui a donné son nom à l’école du Plateau avant son déménagement.

    L’école du Plateau du parc La Fontaine aurait pu contribuer à l’utilisation du nom Plateau pour notre quartier tout entier. Mais il est peu probable qu’elle en soit la raison principale, surtout dans un contexte où les marchands de l’avenue du Mont-Royal faisaient une promotion soutenue de l’idée du Plateau chez eux à partir de 1938. Je serais plus enclin à supposer que le déménagement de l’école (en 1931) a éliminé la concurrence de l’autre lieu à proximité appelé Plateau, faisant en sorte que le Plateau de l’avenue du Mont-Royal a pu s’imposer sans complications. Même là, le nom ne serait pas nécessairement resté en usage – étant donné qu’il n’a eu aucune reconnaissance officielle avant 1987 (Arrondissement Plateau-Mont-Royal/Centre-Sud pendant l’administration Doré) – s’il n’y avait pas eu d’autres facteurs en jeu. Le plus important est bien sûr le cycle de romans de Michel Tremblay, nommé Chroniques du Plateau Mont-Royal en 1980. Une discussion plus détaillée de la question se trouve dans le Dictionnaire historique du Plateau Mont-Royal à la page 317, sous Plateau Mont-Royal.

  3. La centrale de Bell Canada au 87 rue Ontario ouest porte le nom de Plateau de 1925 à 1958. En 1959 la centrale Plateau (75) devient Victor (84)

    • Merci beaucoup pour l’intérêt que vous portez à notre site et pour la précieuse information que vous venez de nous apporter.
      Cela permettra de dater la dénomination « Plateau » de notre arrondissement et ce serait formidable si vous pouviez nous transmettre des éléments pouvant le prouver.
      Au plaisir de vous lire.

      • J’ai un cadre dans lequel il y a une photo ancienne (datant probablement des années 20) et la photo est retenue au passe-partout par un ruban gommé sur lequel nous avons le nom du studio de photographie « MONTREAL PICTURE … », l’adresse au « 206 St. Lawrence Blvd. » ainsi que le numéro de téléphone. PLATEAU 2568. Ce qui pourrait confirmer le nom de la centrale de Bell Canada qui était située au 87 rue Ontario Ouest.

        Pour la petite histoire, j’ai acheté ce cadre chez un antiquaire de la région de Joliette afin de l’utiliser pour une autre photo d’époque et lorsque j’ai défait le cadre pour y installer la photo c’est à ce moment que j’ai découvert cette curiosité. Je l’ai donc conservé pour la petite histoire du Plateau…

  4. Ce texte de Kevin Cohalan ne traduit absolument pas l’origine que j’ai donnée de l’appellation « Plateau » pour l’arrondissement du même nom.
    La première école du Plateau était construite sur le site actuel de la Place des Arts.
    Pas dans le parc La Fontaine.
    Les fondations de cette école où on enseignait l’économie, étaient posées sur un promontoire, sorte de plateau d’une hauteur de quelques mètres au-dessus de la rue Sainte-Catherine d’où son surnom de Plateau.
    À l’époque où on a voulu glorifier la réputation de l’est de la rue Sherbrooke la rendre comparable à l’ouest de cette rue où trônait déjà l’Université McGill, on ébaucha plusieurs projets. Le plus important visait la reconstruction de l’Université Laval à Montréal (actuelle université de Montréal) dans la pente de la rue Saint-Denis, de la Sherbrooke à la rue Ontario.
    Le projet ne se concrétisa pas, mais c’est dans le même but qu’on déplaça l’hôpital de la rue Notre-Dame de la rue du même nom (ancien hôtel Doneana/Donegana) sur la crête de la rue Sherbrooke devant le parc Lafontaine. Enfin, en compléta l’ensemble éducatif en abandonnant l’école de la rue Sainte-Catherine au profit d’une nouvelle école et centre culturel spontanément désignés par les conducteurs de tramways : « Le Plateau ».