La première église et la nouvelle
paroisse |
En
1875, on se lance dans la construction d'une église,
à l'angle des rues Rachel et Bordeaux (voir dans partie
noire et blanche de la photo) surnommé alors "Mont-Thabor"
(sans doute parce que des bords du Plateau-Mont-Royal on avait
une vue magnifique sur le faubourg). Mais les murs de ce temple
sont à peine élevés qu'éclate
une crise financière
grave dans la province. C'est en 1883 que Mgr Fabre demande
aux jésuites de fonder la paroisse Saint-Grégoire-le-Thaumaturge
et de terminer la construction de l'église. Les
" pères " acceptent à condition qu'il
leur soit permis de fonder un scolasticat à proximité
de l'église.
En 1887, l'église est construite et la paroisse est
érigée sous le vocable de St-Grégoire-le-Thaumaturge,
mais que les paroissiens n'emploieront pas, si ce n'est dans
les documents officiels et jusqu'en 1910.
La chapelle du Sacré-Coeur a été construite
en 1910 au-dessus de l'église primitive qui servit
de lieu de culte de 1884 à 1898 et qui est devenu par
la suite la salle paroissiale. Un quatrième étage
est rajouté au Scolasticat en 1934.
Finallement le Scolasticat, la chapelle du Sacré-Coeur
et le reste des bâtiements furent démolis en
1966 pour faire place à l'école Jeanne-Mance.
Les bâtiments devant la chapelle ont eu plusieurs fonctions.
Caisse populaire, bibliothèque paroissiale, locaux
pour les scouts et selon AJC, l'école sociale populaire
jusqu'à 1946.
|
Construction de l'église actuelle |
Ce n'est qu'en 1895 que fut entreprise
la construction de l'église actuelle par l'entrepreneur
général Onésime Martineau. L'emplacement
retenu est le coin des rues Rachel et Papineau, là
où se situe une école qu'il faut d'abord déplacer
d'une centaine de pieds. Les travaux sont effectués
sous la supervision du Frère Joseph Tremblay (que l'on
pourrait distinguer en soutane au milieu de la photographie
du chantier) d'après les plans de l'architecte Émile
Tanguay. Ils progressent lentement, car le terrain sur lequel
doit reposer l'église est très instable. En
fait, le sol composé de glaise oblige les ouvriers
à creuser à plus de 30 pieds de profondeur avant
d'atteindre le roc. La majeure partie du travail doit être
effectué à la main, les excavatrices n'existent
pas encore. De nombreux éboulis surviennent, et on
doit constamment pomper l'eau. Les prêtres disent des
messes pour la sécurité des ouvriers. Sur cette
même photo on devine les fondations du clocher avec
l'ouverture pour le sousbassement ( voir
détails en cliquant ici).
|
Sur
la photo et dans le cercle rouge il y a un immeuble à
l'architecture assez élaborée pour l'époque
(1896). D'après la perspective ce bâtiment serait
environ coin Marie-Anne et Bordeaux. Quelqu'un a-t-il une
réponse ?
C'est une photo qui recèle beaucoup de mystères
et de secrets.
D'après moi, il pourrait s'agir de constructions appartenant
aux Jésuites. Il pourrait s'agir soit d'une chapelle
votive, ou encore d'une enceinte pour jouer a la balle au
mur (voir partie gauche qui semble montrer un creux). On voit
aussi un petit abri-kiosque, qui milite en faveur de constructions
de la communauté, plutôt que de constructions
sur un terrain civil. D'ailleurs, je dirais que cette construction
serait plutôt à mi-chemin entre Rachel et Marie-Anne.
(Gabriel Deschambault)
|
Il
faudra un an de travail pour atteindre finalement une base
solide sur laquelle seront empilées des pierres liées
de béton. L'église a été construite
en pierre brute à l'exception des pierres de taille
extraites des carrières de Saint-Alban, toutes la pierre
grise provient du coteau saint-Louis. C'est sur cette assise
que le temple s'élève enfin. Le 7
juin 1896, Mgr Fabre bénit la pierre angulaire.
Et après 2 ans d'un dur labeur, en 1898, l'église
Immaculée-Conception est enfin prête à
accueillir ses paroissiens. Elle est consacrée par
Mgr Bruchési le 5 juin 1898.
En plus d'être originale et fonctionnelle, l'église
de l'Immaculée-Conception est avant tout un hommage
à la Vierge Marie
|
Force
est d'admettre que le développement immobilier sur
le Plateau nous a fait perdre un paysage bucolique qui se
situait derrière l'église et le Scholasticat.
|
L'église et la paroisse |
Aujourd'hui cette église plus que
centenaire rassemble des paroisses voisines. Depuis 1883 un
grand nombre de pères et abbés se sont succédés
comme curé de la paroisse. En 1895 plus d'une dizaine
de pères secondait le curé. Remarquez au passage,
dans les années 1943 à 1953, le nom du père
Wilfrid Gapiéry, qui avec le père Marcel
de la Sablonnière, a été à
l'origine de la création et du développement
du centre de loisirs de l'Immaculée- Conception.
En 1950 l'assemblée qui asssistait à une messe
était bien compartimentée avec les femmes bien
assises et chapeautées dans les rangées de droite
et les hommes rassemblés sagement dans les rangées
de gauche. Remarquez aussi l'horloge placée sur le
pilier de gauche ainsi que les beaux lustres qui ne sont plus
en fonction aujourd'hui (parait-il suite à un incident)
on en retrouve encore dans l'église Saint-Jean-Baptiste.
Il fallait aussi utiliser la machine à estamper les
osties pour faire face à la demande.
|
|
L'immaculée-Conception une galerie d'art
patrimoniale |
La plupart des vitraux, des peintures et
des sculptures qui ornent l'église représentent
Marie aux différentes étapes de sa vie.
L'architecte,
George-Émile
Tanguay, n'est pas connu dans le milieu : tous les constructeurs
célèbres sont déjà employés
ailleurs. Tanguay, qui n'est pas un connaisseur concernant
le gothique, mais qui est bien au fait des techniques nouvelles,
propose un temple de style néoroman. Pour la première
fois en Amérique, on utilise l'acier dans la construction
d'une église. C'est la Dominiom Bridge Co, Ltd qui
érigea la structure métallique de l'église
incluant la voûte.
Cette innovation permet d'avoir une nef sans colonnes, mais
entraine la nécessité d'abaisser la voute dont
l'acoustique ne sera que meilleure ( on aurait énoncé
que le taux de réverbération de l'église
avoisinnait les 6s). C'est par ailleurs la première
église entièrement électrifiée
au Canada.Le carrelage du plancher de l'église fut
importé de Maubeuge (France).
Les vitraux du choeur et des transepts sont l'oeuvre de la
maison Vermonet de Reims.
Les vitraux de la nef ont été réalisés
par la maison J.P.O'Shea de Montréal.
Le crucifix grand format en bois sculpté au-dessus
de la chaire est l'oeuvre de l'artiste Médard Bourgault.
|
Les tableaux |
Derrière
le maître-autel, on peut admirer une reproduction de
l'assomption de la Vierge Marie par Murillo, réalisée
par François-Édouard
Meloche, peintre-décorateur d'églises, datée
de 1898. plus d'une vingtaine de tableaux sont disposés
sur les murs de l'église. En cliquant sur le shéma-ci
contre vous pourrez accéder à une visite virtuelle
de ces tableaux.
|
Et plus particulièrement ceux qui
retracent le chemin de croix |
La
série de tableaux décrivant le chemin de croix
est l'oeuvre du peintre Édouard
Cabane (peintre spécialiste des portraits de jeunes
filles). Découvrez-la grâce à ce
diaporama, notez les couleurs ravivées des 3 derniers
tableaux qui ont été restaurés dernièrement. |
La statuaire de l'Immaculée-Conception
(visite virtuelle) |
L'intérieur
de l'église et son entrée présentent
24 statues (auxquelles il faut ajouter 7 doublons). En cliquant
sur le schéma ci-contre vous allez accéder à
une visite virtuelle des statues de l'église Immaculée-Conception
sur le plan de localisation.
|
Le maître autel |
Le
maître autel fait de marbre et onyx du Brésil
et du Mexique est l'un des plus beaux réalisés
en son temps. Il a été consacré le 24
mars 1900.
Un bas relief reproduit la Cène de Léonard de
Vinci.
|
Le carillon |
Jusqu'en 1920, le clocher était
pourvu de volets qui ont dû être démontés
pour l'installaton du carillon. Quatre des cinq cloches furent
installées en février 1920. La dernière,
le bourdon, fut monté et supendu à sa base en
octobre 1921. Des renforts ont dû être installés
dans la charpente pour soutenir supporter cette cloche additionnelle
de 5 500 lb.
|
L'orgue |
L'église
Immaculée-Conception a vibré aux sons de trois
orgues successifs. L'orgue original demeura en service jusqu'en
1914 et fut remplacé par un orgue Casavant qui accompagna
les offices religieux jusqu'en 1961. Il céda sa place
à un orgue à traction mécanique de 38
jeux construit en Allemagne par la firme " von Beckerath
", l'un des meilleurs facteurs d'orgues de notre époque.
Notre instrument est renommé et recherché par
les organistes qui veulent en apprécier toutes les
ressources. Depuis 1985 monsieur Réal Gauthier en est
l'organiste-titulaire. Notre église est aussi la résidence
actuelle du " Grand Choeur de Montréal ",
dirigé de main de maître par monsieur Martin
Dagenais. Pour en savoir plus sur cet orgue cliquez
ici.
|
Recherches documentaires
et prises de photos : Gaétan Sauriol (2015)
|