L’artiste : Olindo Gratton (1855-1941)
Né
le 23 novembre 1855 à Sainte-Thérèse de Blainville, Québec,
décédé
le 14 novembre 1941 au même endroit, Joseph-Olindo
Gratton
(vu ci-contre en 1923) constitue un important maillon dans
l’histoire
de la sculpture au Québec, particulièrement dans la région
de
Montréal et dans le domaine religieux.
Après
des études au Petit Séminaire de Sainte-Thérèse et, semble-
t-il,
à l’École normale Jacques-Cartier de Montréal, il entra fin 1872,
début
1873, à l’atelier du sculpteur statuaire et ornemaniste Charles-
Olivier
Dauphin, rue Saint-Denis à Montréal. Bien que la période de
l’engagement
ait été brève (Dauphin décéda le 12 janvier 1874), le
maître
aura réussi à transmettre à l’apprenti, comme Gratton
l’indiquera
plus tard, une connaissance parfaite des techniques de la
sculpture
sur bois.
Les
premières oeuvres connues de Joseph-Olindo Gratton datent
de
1877-1879 lorsqu’il aborda la statuaire religieuse. Une Immaculée
Conception
(1879) en bois conservée au Musée du Séminaire de
Québec
remonte à cette période.
En
1881, Gratton, qui désirait se perfectionner en statuaire, loua ses services à
Louis-Philippe
Hébert,
qui partageait alors à Montréal l’atelier de Napoléon Bourassa. De cette collaboration
découla
la majeure partie du vaste programme statuaire ornant le sanctuaire de la cathédrale
Notre-
Dame
d’Ottawa (1881-1887). En 1882, Philippe Laperle se joignit au personnel de l’atelier.
À la
suite
du départ d’Hébert pour Paris en 1888, Gratton et Laperle s’associèrent dans le
but d’assurer
une
continuité à la production religieuse de leur ancien patron.
De 1892 à 1893 et de 1898 à 1900,
Gratton
réalisa les treize statues colossales,
de
cuivre repoussé sur bois, qui dominent
la
façade de la cathédrale Saint-Jacques-le-
Majeur
à Montréal (aujourd’hui la
cathédrale-basilique
Marie-Reine-du-
Monde).
L’ensemble forma le point
culminant
de sa carrière, tant par
l’envergure
de la commande que par le
prestige
de l’édifice.
Passé
à l’oubli après son décès, Joseph-
Olindo
Gratton a fait l’objet d’un lent regain
d’intérêt
depuis 1970. Au printemps de
1987,
le Musée du Québec acquit une première oeuvre de lui, soit une statue de saint
Henri, de forte
dimension,
en cuivre repoussé sur bois, réalisée par Gratton et Laperle vers 1889-1890. C’était
l’acquisition
muséale la plus importante qui ait été faite jusqu’alors d’une oeuvre de Gratton.
Enfin,
la
galerie d’Art de l’Université du Québec à Montréal présenta à l’automne de 1989
une exposition
des
oeuvres religieuses du sculpteur, intitulée Olindo Gratton (1855-1941) Religion
et Sculpture.
Bernard
Mulaire, conservateur invité, signa le catalogue portant le même titre (Montréal,
Fides,
1989).
Le
corpus grattonien comporte plus de trois cents oeuvres connues. Il occupe à Montréal
un
créneau
analogue à celui réservé à Québec aux oeuvres de son contemporain, Louis Jobin.
(Abrégé
de l’article sur Gratton, par Bernard Mulaire, dans le Dictionnaire des artistes
de langue française en
Amérique
du Nord, Québec, Musée du Québec / Presses de l'Université Laval, 1992.)