Au milieu du XIXème siècle,
le travail du bois se fait principalement avec des outils
manuels. A cette époque, c'est le tour de main et l'habileté
du menuisier maniant ces rabots et bouvets, qui sont garants
du résultat final. Toutefois, dans la deuxième
moitié du XIXème siècle, Montréal
se développe à la vitesse grand "V"
et les nouveaux quartiers résidentiels1 ne veulent
pas être en reste avec les quartiers chics et souhaitent
attirer la clientèle avec une architecture qui se démarque.
Cela devient de moins en moins l'affaire des outils manuels
et c'est alors l'industrialisation qui vient à la rescousse
des constructeurs et des promoteurs immobiliers.
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C'est le même principe avec les
boiseries des consoles de balcons et des loggias. On ne veut
pas de coupures trop nettes; pas trop d'angles droits. On
veut du détail pour accrocher le regard. Les consoles
de balcon sont composées de plusieurs planches collées
dont les faces extérieures sont chantournées
de motifs ; ce qui donne à l'ensemble une allure de
massif sculpté. Les techniques de tournage, de sciage
ou de sculptures sur bois, offrent une panoplie d'éléments
qui peuvent être mis en place en suivant les exemples
montrés dans les catalogues. Le concepteur de l'édifice
et le menuisier artisan peuvent alors donner libre cours à
leur imagination. Le résultat vaudra souvent le surnom
de "boiseries-pâtisseries" à ces magnifiques
façades. Qu'il s'agisse de certaines rues de Sainte-Cunégonde
ou de Saint-Henri; des rues Sherbrooke ou Cherrier à
Montréal ou encore des vieilles rue de Westmount tout
juste au nord de la voie ferrée; on produit alors des
demeures qui ont la particularité de faire étalage
de boiseries très élaborées en façade.
Les corniches et les lucarnes, les balcons et leurs consoles
en dentelle, les balustrades, les portes d'entrées,
rivalisent de finesses et concourent à donner leur
caractère à ces belles rues. Certaines publications
parlent même de " pâtisseries architecturales
" pour décrire ces décors "luxuriants".
Cette industrialisation du décor architectural sera
bien sûr à l'origine le fait de compagnies américaines
qui inonderont le marché avec leur production offerte
dans des catalogues illustrés.
Pendant quelques décennies la compagnie Sears &
Roebuck, basée à Chicago, offrira même,
par la poste, de petites maisons complètes en pièces
détachées. Un IKEA avant la lettre, où
le constructeur pourra recevoir selon le type de sa commande,
soit la structure de la maison seulement, soit il pourra y
ajouter les éléments de l'enveloppe (portes,
fenêtres, décors de boiseries, matériaux
de toiture, etc.). Les ensembles les plus complets offriront
même toute la quincaillerie, les finitions intérieures,
les câblages électriques et fixtures, la tuyauterie
de plomberie ainsi que les appareils. Au Canada c'est la T.
Eaton co. et la Canadian Alladin qui concurrenceront Sears,
mais surtout dans l'ouest du pays.
Pour revenir à nos boiseries décoratives montréalaises,
la littérature nous indique que plusieurs entreprises
spécialisées dans cette production étaient
installées, dès la deuxième moitié
du XIXème siècle, le long du canal Lachine.
La plus importante est sans nul doute la compagnie Shearer
& Brown, située justement rue Shearer en bordure
du canal et qui utilise la force hydraulique des écluses
Saint-Gabriel pour faire tourner ses machines outils. C'est
principalement un moulin à scie et de planage ; alors
que James Shearer possède aussi au même endroit,
son propre commerce spécialisé dans les boiseries
architecturales. Ainsi, portes, fenêtres, persiennes,
moulures diverses sont fabriquées à la même
adresse et assurent les constructeurs d'un approvisionnement
fiable et complet.
Les photos anciennes nous montrent une période victorienne
qui adore la profusion de détails. Autant pour les
intérieurs, où l'on retrouve des finis sombres
et des draperies de velours lourdes, très ouvragées,
avec des glands et de la passementerie. La plupart des logements
construits au tournant du XXème siècle possèdent
une grande pièce double à l'avant, dotée
d'une porte d'arche dont la partie haute montre toujours une
claire-voie, composée de fins bâtonnets et boules
de bois, qui sert à séparer les espaces de façon
plus délicate. Ce souci se retrouvera aussi à
l'extérieur du bâtiment avec, entre autres, les
herses de fer forgé qui font office de dentelles, au
haut des mansardes d'ardoises. Pas de démarcations
tranchées ; on veut s'accrocher et se fondre au ciel.
C'est le même principe avec les boiseries des consoles de
balcons et des loggias. On ne veut pas de coupures trop nettes;
pas trop d'angles droits. On veut du détail pour accrocher
le regard. Les consoles de balcon sont composées de plusieurs
planches collées dont les faces extérieures sont chantournées
de motifs ; ce qui donne à l'ensemble une allure de massif
sculpté. Les techniques de tournage, de sciage ou de sculptures
sur bois, offrent une panoplie d'éléments qui peuvent être
mis en place en suivant les exemples montrés dans les catalogues.
Le concepteur de l'édifice et le menuisier artisan peuvent
alors donner libre cours à leur imagination. Le résultat vaudra
souvent le surnom de "boiseries-pâtisseries" à ces magnifiques
façades.
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