Société d'histoire et de Généalogie du Plateau Mont-Royal
Les boiseries de Montréal

Gabriel Deschambault
Auteur : Gabriel Deschambault,membre du conseil d'administration de la SHGP
Cet article a été initialement rédigé pour le bulletin de l'Association des propriétaires de maisons anciennes du Québec, "La Lucarne"

Au milieu du XIXème siècle, le travail du bois se fait principalement avec des outils manuels. A cette époque, c'est le tour de main et l'habileté du menuisier maniant ces rabots et bouvets, qui sont garants du résultat final. Toutefois, dans la deuxième moitié du XIXème siècle, Montréal se développe à la vitesse grand "V" et les nouveaux quartiers résidentiels1 ne veulent pas être en reste avec les quartiers chics et souhaitent attirer la clientèle avec une architecture qui se démarque. Cela devient de moins en moins l'affaire des outils manuels et c'est alors l'industrialisation qui vient à la rescousse des constructeurs et des promoteurs immobiliers.
Entre 1891 et 1921 la population montréalaise va tripler avec l'exode rural conséquent de l'industrialisation et de son besoin de main d'œuvre.
C'est le même principe avec les boiseries des consoles de balcons et des loggias. On ne veut pas de coupures trop nettes; pas trop d'angles droits. On veut du détail pour accrocher le regard. Les consoles de balcon sont composées de plusieurs planches collées dont les faces extérieures sont chantournées de motifs ; ce qui donne à l'ensemble une allure de massif sculpté. Les techniques de tournage, de sciage ou de sculptures sur bois, offrent une panoplie d'éléments qui peuvent être mis en place en suivant les exemples montrés dans les catalogues. Le concepteur de l'édifice et le menuisier artisan peuvent alors donner libre cours à leur imagination. Le résultat vaudra souvent le surnom de "boiseries-pâtisseries" à ces magnifiques façades. Qu'il s'agisse de certaines rues de Sainte-Cunégonde ou de Saint-Henri; des rues Sherbrooke ou Cherrier à Montréal ou encore des vieilles rue de Westmount tout juste au nord de la voie ferrée; on produit alors des demeures qui ont la particularité de faire étalage de boiseries très élaborées en façade. Les corniches et les lucarnes, les balcons et leurs consoles en dentelle, les balustrades, les portes d'entrées, rivalisent de finesses et concourent à donner leur caractère à ces belles rues. Certaines publications parlent même de " pâtisseries architecturales " pour décrire ces décors "luxuriants".
Cette industrialisation du décor architectural sera bien sûr à l'origine le fait de compagnies américaines qui inonderont le marché avec leur production offerte dans des catalogues illustrés.
Pendant quelques décennies la compagnie Sears & Roebuck, basée à Chicago, offrira même, par la poste, de petites maisons complètes en pièces détachées. Un IKEA avant la lettre, où le constructeur pourra recevoir selon le type de sa commande, soit la structure de la maison seulement, soit il pourra y ajouter les éléments de l'enveloppe (portes, fenêtres, décors de boiseries, matériaux de toiture, etc.). Les ensembles les plus complets offriront même toute la quincaillerie, les finitions intérieures, les câblages électriques et fixtures, la tuyauterie de plomberie ainsi que les appareils. Au Canada c'est la T. Eaton co. et la Canadian Alladin qui concurrenceront Sears, mais surtout dans l'ouest du pays.
Pour revenir à nos boiseries décoratives montréalaises, la littérature nous indique que plusieurs entreprises spécialisées dans cette production étaient installées, dès la deuxième moitié du XIXème siècle, le long du canal Lachine. La plus importante est sans nul doute la compagnie Shearer & Brown, située justement rue Shearer en bordure du canal et qui utilise la force hydraulique des écluses Saint-Gabriel pour faire tourner ses machines outils. C'est principalement un moulin à scie et de planage ; alors que James Shearer possède aussi au même endroit, son propre commerce spécialisé dans les boiseries architecturales. Ainsi, portes, fenêtres, persiennes, moulures diverses sont fabriquées à la même adresse et assurent les constructeurs d'un approvisionnement fiable et complet.
Les photos anciennes nous montrent une période victorienne qui adore la profusion de détails. Autant pour les intérieurs, où l'on retrouve des finis sombres et des draperies de velours lourdes, très ouvragées, avec des glands et de la passementerie. La plupart des logements construits au tournant du XXème siècle possèdent une grande pièce double à l'avant, dotée d'une porte d'arche dont la partie haute montre toujours une claire-voie, composée de fins bâtonnets et boules de bois, qui sert à séparer les espaces de façon plus délicate. Ce souci se retrouvera aussi à l'extérieur du bâtiment avec, entre autres, les herses de fer forgé qui font office de dentelles, au haut des mansardes d'ardoises. Pas de démarcations tranchées ; on veut s'accrocher et se fondre au ciel.
C'est le même principe avec les boiseries des consoles de balcons et des loggias. On ne veut pas de coupures trop nettes; pas trop d'angles droits. On veut du détail pour accrocher le regard. Les consoles de balcon sont composées de plusieurs planches collées dont les faces extérieures sont chantournées de motifs ; ce qui donne à l'ensemble une allure de massif sculpté. Les techniques de tournage, de sciage ou de sculptures sur bois, offrent une panoplie d'éléments qui peuvent être mis en place en suivant les exemples montrés dans les catalogues. Le concepteur de l'édifice et le menuisier artisan peuvent alors donner libre cours à leur imagination. Le résultat vaudra souvent le surnom de "boiseries-pâtisseries" à ces magnifiques façades.
Le lecteur aura plaisir à feuilleter l'ouvrage "Pâtisserie maison de notre charmant passé Montréal 1870-1900" Warwick et Beth Harton éditions Tundra 1976 (épuisé, mais en bibliothèque) Le centre de documentation de la Société d'histoire du Plateau Mont-Royal en possède une copie pour consultation. Le Centre est ouvert le mardi.
Photo éditions Tundra
Photo éditions Tundra
Photo éditions Tundra
Photo éditions Tundra
Photo éditions Tundra
Photo éditions Tundra
Photo éditions Tundra
Photo éditions Tundra
Photo éditions Tundra et Christian Le Couffe
Les boiseries pâtisserie du Plateau (photos de Gabriel Deschambault)
Photo Gabriel Deschambault
Photo Gabriel Deschambault
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Dernière mise à jour le : 1/11/18
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