Camillien Houde
né le : 13 août 1889 à Montréal
décédé le : 11 septembre 1958 à Montréal
Résidence de Camillien Houde rue Saint-HubertRésidence de Camillien Houde rue Saint-HubertCamillien Houde, Commandeur de l'Ordre de l'Empire britannique, chevalier de la Légion d'honneur, est un personnage du Plateau-Mont-Royal, car il y a élu domicile pendant plus de 25 ans. De plus, on trouve sur le Plateau-Mont-Royal, un vestige d'une "camillienne" (c 'est ainsi que les montréalais avaient baptisé leurs vespasiennes).
Maire de Montréal d'une personnalité remarquable et d'une popularité exceptionnelle, ce personnage a marqué l'histoire de Montréal. D'ailleurs, on l'appelait "Monsieur Montréal".
Monsieur Houde résidait au 4455, rue Saint-Hubert, juste au sud de l'avenue du Mont-Royal. Il y établissait son petit bureau au sous-sol, c'est là qu'il recevait ses plus fidèles collaborateurs et qu'il établissait ses stratégies de campagnes. Il y avait fait installer des lampadaires aux armes de Montréal pour qu'on sache bien où demeurait le maire de Montréal.
Note: René Caron et Ange Pasquini 2009
Biographie de ses premières années
Camillien Houde naît le 13 août 1889 [1] au 174 de la rue Saint-Martin [2] dans le quartier ouvrier de Sainte-Anne à Montréal. Il est l'unique survivant d'une famille de 11 enfants. Ses frères et sœurs sont tous morts de la variole.
Son père, Azade Houde travaillait dans la farine, il était minotier. À 9 ans quand son père meurt, sa mère, Joséphine Frenette, déménage près du parc Lafontaine. Elle devient alors couturière et ouvrière dans une usine de textiles.
Camillien fréquente entre autres, l'école St-Louis et l'Académie du Plateau.
Sa mère veut que Camillien travaille dans une banque. Cela paraît bien et les gens sont bien habillés. Il ne fera pas son cours classique, il ira au Collège LaSalle à Longueuil, chez les Frères des Écoles chrétiennes. Il y fera sa plus importante rencontre, celle du frère Marie Victorin. Celui-ci lui donnera le goût de faire du théâtre et l'ouvrira à plusieurs autres domaines. Si cela n'avait été que de lui, il voulait faire carrière dans le théâtre mais sa mère ne le voyait pas ainsi et Camillien continue ses études commerciales et termine premier de sa promotion.
À 16 ans, il est engagé comme commis à la Banque d'Hochelaga. Il y devient inspecteur à 23 ans et directeur-gérant à 26 ans. Il se découvre une passion pour les beaux vêtements et en fera sa marque de commerce pour la vie. Il va continuer à faire du théâtre encore quelques années malgré l'emploi qu'il occupe à la banque.
Lors d'une de ses représentations théâtrales, une jeune spectatrice tombe sous ses charmes, c'est Bertha-Andréa (dite Mignonne) Bougie, la fille d'Urgel Bourgie, riche entrepreneur de pompes funèbres. Camillien et elle se marieront à l'église Sainte-Cunégonde et ils eurent deux filles, Madeleine et Marthe. Malheureusement, sa femme meurt en 1918 de la grippe espagnole.
Il se remarie rapidement, en 1919, avec Georgette Falardeau à l'église du Sacré-Cœur. Il aura une fille de ce mariage, Claire. Cette deuxième femme a beaucoup d'ambition pour Camillien. Elle le pousse à faire d'autres métiers. Camillien laisse son emploi à la banque et commence à être représentant pour la biscuiterie Dufresne (là où sa deuxième femme était secrétaire). Puis travaille comme agent d'assurance pour La Sauvegarde, par la suite il devient importateur de charbon. Il réalise rapidement que ces métiers ne sont pas faits pour lui.
Recherche: Diane St-Julien 2009
Le jour où il fut élu député au provincial
Le p'tit gars de Sainte-Marie...L'année 1923 marque sa naissance politique...
...quand, un bon soir, Camillien Houde, fut hissé sur le comptoir d'un magasin vacant, devenu pour les besoins de la cause, le Comité Central Conservateur du Comté Sainte-Marie, et proclamé candidat officiel du Parti dans l'élection partielle qui allait avoir lieu.
Pourquoi le parti avait-il choisi Houde?
Tout simplement parce qu'il était le seul à vouloir risquer sa "fraise" dans une telle aventure.
Pourquoi Houde se portait-il candidat?
Parce que, pour lui à ce moment-là, il s'agissait de faire quelque chose, n'importe quoi, afin de ne pas crever de faim au moins durant quelques semaines.
... il est élu une première fois député du Comté Sainte-Marie au provincial.
"Les montréalais le vénéraient et le respectaient. Il avait du charisme et du panache. Montréal était sa gloire et son honneur" comme le mentionne Jean-Claude Germain dans son DVD.
Extrait de la biographie éditée en 1961 par Hertel Laroque, ami et confident de Camillien Houde
"le p'tit gars de Sainte-Marie"
Le candidat historique du parti conservateur Édouard Masson se retire à son profit eu égard à l'attachement que son père avait eu dans le temps avec sa mère Joséphine Houde. Arthur Sauvé le chef du parti conservateur, qui cherche à se démarquer d'Ottawa laisse faire. Le soutien financier de la candidature de Camillien Houde tient à quelques bonnes relations (Urgel Bourgie entrepreneur des pompes funèbres, son ex-beau père et Dufresne biscuitier, son ex-employeur).Alors que le candidat libéral sortant Joseph Gauthier reçoit l'appui inconditionnel du maire Médéric Martin, le candidat sortant fait l'erreur d'envisager sa réélection comme une simple formalité.
En plein hiver québécois, Camillien Houde part en campagne fait du porte à porte, entre dans tous les foyers, discourt et persuade les électeurs de voter pour lui. Un troisième candidat indépendant Alfred Mathieu vient "l'aider" à ravir des voix au candidat sortant et c'est ainsi que le 5 février 1923, c'est l'apothéose.
Camillien Houde arrache la victoire avec plus de 508 voix et il devient à 33 ans le plus jeune député au provincial. Député de l'opposition un peu gauche à ses débuts, il affirme très vite sa personnalité en contrant brillamment ses interlocuteurs.
Très vite la majorité Taschereau (libérale) jugera qu'il fallait être très prudent en croisant le fer avec celui qu'on appellera dorénavant "le p'tit gars de Sainte-Marie".
Recherche: René Caron et Ange Pasquini 2009

Une époque très difficile
...La carrière de Camillien Houde s'est déroulée à une époque particulièrement mouvementée de notre vie économique et politique. Elle débute en pleine stagnation en 1923. À la courte période d'euphorie de 1928 devaient malheureusement succéder l'enlisement, la désespérance et le cauchemar des années de crise 1930-1940. Puis la guerre vint de nouveau drainer toutes les ressources financières et humaines, apportant à quelques privilégiés la fortune et à d'autres ce niveau de vie convenable que la paix leur avait jusque-là obstinément refusé. Avec ses ajustements et ses tâtonnements, l'après-guerre ramena le marasme et accentua les besoins et les problèmes....
Extrait du livre" l'Imprévisible Monsieur Houde" édité en 1964 de Charles Renaud, directeur du cabinet de Camillien Houde
"Monsieur Montréal"
Camillien Houde lors d'un défilé de la Saint Jean-BaptisteEn 1928, Monsieur Houde décide de se présenter à la mairie de Montréal… et gagne ses élections. Il est même réélu six fois grâce à son humour et ses propos populaires. Il chante même au milieu de ses discours pendant ses campagnes électorales. De ses premiers pas de comédien au cercle de La Salle à Longueuil, Camillien Houde a conservé la maîtrise de ses gestes, de ses attitudes et des belles répliques lancées avec panache, à la figure de ses détracteurs. Monsieur Houde cultive sa personnalité : il se mêle à toutes les couches de citoyens. Les caricaturistes et les humoristes de l'époque se moquaient allègrement de son gros nez et de son gros ventre. Mais comme Cyrano, cela ne le choquait pas, il en profitait plutôt. Lors du défilé annuel de la Saint-Jean-Baptiste qui empruntait la rue Sherbrooke, du Parc Lafontaine jusqu'à la rue Atwater, il marchait tout le long du parcours, vêtu de son costume "Prince Albert", chapeau haut-de-forme en soie, collier de maire en or et sa canne à pommeau d'or. Il se faisait accompagner de son garde du corps en uniforme de grand apparat. Il saluait tous les Montréalais et allait souvent au bord du trottoir serrer la main des gens qu'il reconnaissait. Il faisait de même à la parade de la Saint-Patrick. Il ne manquait jamais une occasion de se faire voir, admirer ou moquer. Sa popularité était primordiale.
Est-ce cela qui l'a fait surnommer Monsieur Montréal?
Ou bien, est-ce son attachement indéfectible à la ville de Montréal laquelle il s'est dévoué pendant 18 ans tout au long de ses 11 mandats de maire dont un obtenu par acclamation en 1947.
Les montréalais l'adoraient et il leur rendait bien. Une chansonnette a même été créée en son honneur: " Avec Camillien à l'hôtel de ville...".
Camillien Houde a eu de belles relations avec le roi d'Angleterre. Au printemps 1939, respectueux de l'Empire britannique, il reçoit en grandes pompes le roi George VI et la reine en visite au Canada. Il les présente aux Montréalais d'un balcon d'honneur installé à l'hôtel Windsor. Boute-en-train comme il est, il fait rire aux éclats, en public, le roi d'Angleterre qui arborait toujours un air sérieux, glacial. Il les invite ensuite à visiter sa ville qu'il aime tant.
Note: René Caron et Ange Pasquini 2009
Un promoteur bien méritant
Il a été maire de Montréal durant les années difficiles de la crise économique. Il a beaucoup cherché à aider ceux qui en souffraient, avec le secours direct et de nombreux projets d'embauche pour améliorer Montréal. Il a entre autres eu des programmes de développement de l'Île Sainte-Hélène : restaurant, piscine, etc et de la Montagne.
Utilisant les deniers publics pour donner du travail à ses administrés dans les années de crise, Camillien Houde lança plusieurs marchés publics pour construire notamment :
 
- les vespasiennes rebaptisées "camilliennes" par les montréalais,
- le Chalet du Mont-Royal en 1932 qu'il utilisera souvent pour recevoir ses invités d'honneur,
- le marché Saint-Jacques en 1931,
- les marchés Atwater et Jean-Talon en 1933,
Plusieurs casernes de pompiers encore existantes :
- la caserne N° : 10, 1445 Saint-Mathieu, construite en 1931.
- la caserne N° : 23, 523 Place Saint-Henri, construite en 1930-1931.
- la caserne N° : 31, 7041 rue Saint-Dominique, construite en 1931-1932.
- la caserne N° : 35, 10827 rue Lajeunesse, construite en 1929.
- la caserne N° : 46, 4760 Cumberland, construite en 1930-1931.
- la caserne N° : 47, 2111 Saint-Zotique, construite en 1931-1932.
- la caserne N° : 48, 3616 Hochelaga, construite en 1931.
- le quartier général du service des incendies, 4040 Avenue du Parc, construit en 1933.
Note de :René Caron et Jacques Ad. Taillefer, pompier à la retraite
Arrestation de Camillien Houde, élu démocratiquement maire de Montréal,
Mais au moment de la guerre, il a des déboires avec Mackenzie King. Au mois d'août 1940 il a eu beaucoup de notoriété : il est arrêté et emprisonné. Il s'opposait à la conscription qui imposait sans consentement aux jeunes gens de prendre les armes et de participer à la guerre. Il exprimait publiquement son désaccord. Vu sa grande popularité, le gouvernement craignait son influence et le fit mettre aux arrêts. Il se laissera amener en riant et en sifflotant l'air de " Alouette ". Il sera incarcéré pendant deux ans dans un camp à Petawawa en Ontario et deux autres années à Fredericton, dans les Maritimes. Il sera finalement libéré le 16 août 1944. A son retour il est ovationné par les Montréalais qui l'attendaient avec impatience.
Note: René Caron et Ange Pasquini 2009
Au camp d'internement de Petawawa (matricule 694)
Portrait de Camillien Houde à PetawawaC'était en 1940, que se sont croisés les chemins de deux grands personnages associés au Plateau-Mont-Royal : Guido Nincheri (1885-1973), décorateur de l'église Saint-Michel-Archange et d'innombrables autres églises au Québec et l'irrépressible Camillien Houde (1889-1958), quatre fois maire de Montréal, mis sous arrestation pendant quatre ans lors de la Seconde guerre mondiale en raison de son indomptable opposition à la conscription. Comme le raconte Paul Labonne de l'Atelier d'histoire Hochelaga-Maisonneuve, " Nincheri a été interné au camp de Petawawa, par le gouvernement canadien à l'instar de plusieurs artistes, intellectuels et hommes d'affaires italiens influents. Pendant ses trois mois d'internement, il en a profité pour faire les portraits de plusieurs de ses compagnons d'infortune dont Camillien Houde, le maire de Montréal. " Le " motto " dactylographié associé au portrait se lit : " Je lutte, je vaincs, pour DIEU et nos droits, SANS PEUR. " (signé) C. Houde.
Recherche: Kevin Cohalan 2008
Le 19 aout 1944 la foule ovationne Camillien Houde
À la gare centrale, ce fut terrible. Les journalistes qui précédaient et suivaient M. Houde et sa famille furent forcés de suivre le mouvement houleux de la foule jusqu’à la fin, emportés la moitié du temps par cette vague qui déferlait vers M. Houde. Tous voulaient se faire reconnaître et lui serrer la main. Dès que le convoi arrêta, la plate-forme souterraine fut débordée. La police fut impuissante à comprimer les curieux dans la gare. L’entourage du libéré parvint à se frayer un chemin jusqu’au haut de l’escalier conduisant au grand hall de la gare. Là, ce fut comme une explosion.
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Extrait du bulletin Hiver 2008
La résidence de Son honneur le maire de Montréal
1955 la résidence de Camillien Houde au 4455 rue Saint HubertSa demeure était située au 4455, rue Saint Hubert et suivant la tradition elle était ornée de deux lampadaires installés et éclairés aux frais de la Ville. Sur le dessin joint de la Ville de Montréal exécuté en 1955, Camillien Houde n'était plus maire mais bénéficiait encore de cet honneur.
Recherche: Ange Pasquini 2009
Les "camilliennes"
Camillienne du Square saint-LouisPendant un mandat de Camillien Houde une de ses réalisations les plus marquantes fut l'installation de vespasiennes. À l'exemple de ce qui avait existé à Rome et qu'on retrouvait à Paris, il fit construire des urinoirs et des toilettes à la Place d'Armes, aux squares Philip, Victoria et Viger. Lorsqu'on réaménagea le square Viger pour la construction du métro, on devait démolir ce qui restait de la camillienne qui s'y trouvait. Comme le pavillon d'entrée était de belle architecture, on décida d'installer ce dernier au square Saint-Louis du Plateau-Mont-Royal. Dans ce kiosque, on y vend maintenant des fleurs (voir photo ci-jointe).
Par dérision, on s'amusa à appeler ces toilettes publiques des " camilliennes ", se référant aux vespasiennes de la Rome ancienne ainsi nommées à cause de l'empereur Vespasien (9-79) .
Celui-ci avait décidé de lever un impôt sur la collecte d'urine utilisée par les teinturiers. Moqué pour cet impôt, il répondit : « L'argent n'a pas d'odeur », phrase devenue aujourd'hui proverbiale.
Recherche: Ange Pasquini 2009
Un discours de Camillien Houde
Dans le cadre de l'annonce d'un nouveau marché fruitier le 12 février 1948, le maire de Montréal souligne avec humour que le succès, de la commercialisation des pommes, passe par une amélioration de leur présentation.
Média : Archives Radio Canada Durée : 6 min 04 s
Recherche: Diane St-Julien 2009
Camillien Houde quitta ce monde le 11 septembre 1958
Tombeau de HoudeCamillien Houde quitta ce monde le 11 septembre 1958. Il fut emporté dans son sommeil par une thrombose coronarienne. Monsieur Montréal reçut les ultimes honneurs sous le lourd lustre de bronze dans le hall de l'hôtel de ville. La dépouille mortelle précédée de trente-trois landaus de fleurs, fut conduite au cimetière Notre-Dame-des-Neiges dans de ce cimetière où il aimait se promener dans les allées.
Epitaphe de  Camillein HoudeCamillien avait choisi de longue date l'emplacement et le style de sa sépulture, réplique de celle de Napoléon aux Invalides. Il avait demandé pour son monument du porphyre provenant de la carrière même où la pierre y avait été extraite pour la taille du tombeau de l'empereur. Il avait demandé aussi que son curriculum vitae figure bien en vue sur sa dernière demeure.
Note: René Caron et Ange Pasquini 200
Photos Diane St-Julien - Août 2009
Le clin d'oeil de son administration
Panneau de signalisation du chemin Camillien Houde sur le Mont-RoyalL'administration municipale a donné le nom de Côte Camillien-Houde à la voie qui traverse la partie Est du Mont-Royal. Tout le temps durant lequel il fut maire de Montréal, Houde avait proclamé que jamais il ne permettrait à des voitures de longer le cimetière et de traverser le parc du Mont-Royal. Top challenge sur la côte Camillien Houde" Il faudrait me passer sur le corps! Pour y monter, que les gens prennent les tramways à la Côte des Neiges ou à l'avenue du Parc (au Plateau Mont-Royal)" disait-il, heureusement ou malheureusement; mais au sens figuré c'est bien ce qui lui est infligé aujourd'hui...
Aujourd'hui, avec Google (moteur de recherche sur Internet) le nom de Camillien Houde fait apparaître une série de sites ou blogues relatant les diverses courses de côte (cyclistes ou autres) organisées chaque année sur la voie Camillien Houde.
Note: René Caron et Ange Pasquini 2009
Camilien Houde est vraiment un personnage à ne pas oublier. Il avait tout d'une grande personnalité et plus un homme a de qualités, plus un homme a de défauts. Lui, avait une surdose des deux.
Note: René Caron et Ange Pasquini 2009
Sources
1 - Généalogies de Québécois célèbres
2 - Annuaires Lovell de Montréal (1889-90) Lovell’s Montreal Directory for 1889-90 « Bibliothèque et Archives nationales du Québec
Iconographie
Mis à jour le : 2-feb-15
© 2007 SHP - Société d'Histoire du Plateau-Mont-Royal